Les insomniques,
brèves histoires du Monde
tel qu’on l’inflige


Trois contes, trois décors en une scénographie décortiquée en jeu.
Production cie Le Bruit qui Grouille
Projet initié par Manon Amor, créatrice sonore.
Texte Pierre Koestel
Création costume Cécile Laborda, Ludivine Roux
Création lumière Agathe Geffroy
Régie sonore en alternance Charlotte Bozzi, Théo Cardoso


Avec
Eva Blanchard Qamar, La petite Clé, Aïda
Kenza Laala Sepideh, Hannelore, La Récitémoignante
Lauriane Mitchell Sara, La Contreuse, La Journalisteuse, une camarade d’École,  Trwuittueuse
Louise Morin Clémentine, Nonnon, une camarade d’École, la Juge, La légiste, Trwuittueuse
Rémy Salvador Le Cenchieur, Crapeau, un camarade d’École, Tarik, un Flic, Trwuittueur
Adrien Zumthor Le Narracteur, Hermann, un Flic, Trwuittueur




Note d'intention pour la scénographie de Les insomniques :


Cette scénographie trifrontale s'inscrit dans un projet théâtral explorant trois univers politiques distincts, extrapolés en trois contes, trois histoires, trois portraits de femmes. Chaque décor correspond à un environnement, un pays actuel, une réalité sociale et politique extrapolée. Nous naviguons ainsi entre l’Iran, l’Autriche et la France, entre répression, violence et absurdité, dans un voyage visuel et sensoriel qui met en lumière la censure, l’injustice et l'influence du pouvoir sur les femmes et la société qui en découle.

1. Téhéran : La répression silencieuse :
Le premier espace plonge le spectateur dans la capitale iranienne, où la censure de la voix féminine est omniprésente. La scène de concert, empêchée par la présence du censeur . Le décor est une abstraction de la ville, représentée par un immense tapis géant reliant des cellules privées représentées par des tapis orientaux. Entre ces deux mondes, scène du Censeur et un faux gazon étendu, nous montre un clin d'œil absurde à la fausse liberté et à l’impossibilité de fuir cette oppression. Cette juxtaposition entre espace privé et public, entre intimité et surveillance, fait écho à la perte de la voix et du pouvoir d’expression.

2. L'Autriche : Le contraste de l’oppression et de l’intimité :
Une fois l’ensemble du sol enroulé, le décor se transforme, dévoilant l’Autriche.  La scène de concert devient un lit conjugal géant, son ampleur symbolisant une relation de pouvoir dans l'intimité. Le sol, désormais sombre et noir, se voit comme une cave. Les coussins qui servaient à la précédente scénographie sont désormais entassés dans des sacs poubelles noirs, tels des victimes oubliées, rappelant le destin tragique des individus réprimés, et notamment les victimes de "Moustrash Bleu", une métaphore de la violence étatique masculine. Ce décor, à la fois cocon et prison, s’intègre dans une réflexion plus large sur les relations de pouvoir dans la sphère privée et sur l'intimité comme lieu de contrôle.

3. La France : Le théâtre du rêve et de la satire :
Enfin, l'espace dédié à la France s’éloigne de toute réalité tangible pour embrasser un monde plus onirique et fantasmagorique. Le plateau devient une boîte noire qui, dénuée de toute distraction, invite à l’introspection. À travers cette structure dépouillée, les personnages émergent comme des fantômes, accentuant le caractère intangible et insaisissable du pouvoir des médias. La lumière joue un rôle central, dévoilant des accessoires qui deviennent des éléments magiques, presque absurdes. La censure, dans cette partie du spectacle, se transforme en une parodie de la violence et de l’oppression, atténuée et transformée en quelque chose de presque ridicule et dérisoire. La scène se veut à la fois critique et satirique, un miroir grotesque des dérives médiatiques et politiques, une invitation à réfléchir sur la manipulation des masses et l’absurdité des pouvoirs qui se cachent derrière les discours publics.

Chaque décor, chaque changement d’espace, représente une facette de la censure et de l’oppression, mais aussi des moyens de résistance et de transformation. L’usage des tapis, des tissus, du faux gazon, des objets qui se réinventent, symbolise cette fluidité des frontières entre l’intime et le public, le réel et le fantasme. En créant ces environnements distincts, mais intrinsèquement liés, la scénographie propose un voyage visuel et sensoriel où chaque spectateur peut se retrouver face à sa propre perception de la liberté, de la répression et du pouvoir.





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Photographies en jeu Iranie © Hugo Fleurance

Photographies en jeu Autricherie © Les Accueillantes
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