Tartuffe ou l'hypocrite

_{Note scénographie
Tartuffe ou l’hypocrite :}

La scénographie de Jan Versweyveld pour Tartuffe, mise en scène par Ivo van Hove à la Comédie-Française, adopte une approche organique du texte de Molière, où l’espace devient le reflet des manipulations qui traversent la famille d’Orgon.

La structure de la scénographie et les éléments décoratifs se déploient sous nos yeux avec une fluidité chorégraphique, une continuité organique du théâtre. Le montage à vue révèle ce lien matriciel entre Tartuffe et la scène, tout comme entre Orgon et son dévouement pour elle.
La découverte de Tartuffe marque le début de l’installation de l’espace de jeu, conçu comme un écrin : un couloir surélevé, un escalier central menant à une zone blanche, et deux murs en miroir se faisant face pour accentuer l’effet de confrontation permanente. Ce couloir, séparant l'entrée des femmes et celle des hommes, devient un chemin vers la confrontation, un espace sacralisé, délimité par un papier blanc, avec un cercle au centre, semblable à un autel. Cette délimitation claire de l’espace encadre les confrontations, chaque acte devenant un rituel de révélation.

Les coulisses à vue et la présence des servants, qui jouent le rôle de régisseurs, soulignent l’omniprésence de la manipulation. La gestion des lumières suspendues par les servants marque la progression des confrontations, tandis que le design évolue progressivement vers un minimalisme de plus en plus froid et impersonnel.

En dévoilant ses artifices et en laissant apparaître la structure sous-jacente, la mise en scène et la scénographie invitent le public à réfléchir sur la manière dont les faux-semblants et les manipulations façonnent notre perception de la vérité et du pouvoir.

Cette mise en scène ouvre ainsi une nouvelle lecture de Tartuffe, non seulement comme une pièce sur l’hypocrisie, mais aussi comme un rituel où la scène devient un espace d’illusion en déconstruction, à l’image même du personnage de Tartuffe.